Rutshuru : phénomène kidnapping, une nouvelle forme de commerce humain

Publié le 20 décembre 2023 à 21:09

C'est à Rubare que le 20 décembre 2023, aux environs de 18:30, à Kigarama, Mademoiselle Charlotte Mugoyi de 18 ans, qui quittait son de travail (pharmacie) pour rentrer chez eux, a été prise par des hommes armés non identifiés qui l'ont dirigé vers une destination qui demeure jusqu'aujourd'hui inconnu.

Cet incident intervient après celui lundi 18 décembre 2023 vers 19 h 00, où deux enfants mineurs, Mlle Linda Semidiango de 17 ans, habitant de Rubona et élève de la 6ᵉ année primaire et Sara Blandine de 11 ans de Majengo ont été kidnappées dans le même village au quartier Majengo. 

Il vient également après celui de Chumirwa, sur l'axe Kako-Rubare-Ntamugenga, où le jeudi 14 décembre 2023, neuf personnes avaient été retirées de leur route par des inconnus armés. Dirigées et cachées à une destination inconnue, chacune d'elles devrait être libérée moyennant un payement d'une somme d'argent (500$) exigée à la famille par les ravisseurs. Parmi les victimes se trouvaient des hommes et des femmes. Il s'agit de : Madame Kanyere Irène, madame Kahambu et madame Léa, fille de papa Kapsingi. Les trois sont toutes de la localité de Kako. Tandis que du côté des hommes, un papa commerçant de Kalengera du nom Moseka a reçu les balles dans sa mâchoire inférieure et un autre papa originaire de Kamima/Ntamugenga a reçu les balles au niveau de la tête. 

Pendant ce temps, Monsieur Ishara Baraka, habitant de Kiwanja, qui a été kidnappé dans la soirée du jeudi 14 décembre 2023, reste toujours entre les mains de ses ravisseurs. Jusqu'à présent, aucune communication entre les ravisseurs et la famille n'a été signalée. Motard de son état, il est difficile d'identifier le lieu de sa captivité. Contactée à ce sujet, sa famille dit qu'il quittait kiwanja pour déposer son client au marché de Ntamugenga.

Rappelons que c'est depuis 2022 que le territoire de Rutshuru est sous contrôle des rebelles du M23. Ceci laisserait à croire que sont les éléments de cette rébellion qui en ait auteur. Mais les doutes ne permettraient pas d'affirmer cette thèse étant donné que la question des kidnappings ne commence pas avec l'avènement du M23. Il est un phénomène qui date de plus de dix, et que depuis tout ce temps, les autorités n'avaient pas été à mesure d'en mettre en terme, quand bien même, il était facile d'identifier les ravisseurs. Utilisant les téléphones pour revendiquer la somme exigée à chaque libération de l'otage, ils demeurent identifiés et identifiables.

Au-delà des tortures pour le lucre et de l'insécurité des armes, ce phénomène a endeuillé et a appauvri plusieurs familles. Beaucoup des personnes kidnappées ont été tuées par les ravisseurs juste parce que leurs familles n'ont pas su trouver la rançon qui leur ait été imposée. D'autres ont été tuées parce que lors de l'enlèvement, ils ont pu résister aux injections de leurs ravisseurs. Il faut dire aussi qu'en raison de la pauvreté, pour libérer les leurs de mains de ces malfrats, beaucoup ont été obligés de vendre leurs parcelles et leurs lopins de terre. Ce qui leur a appauvri davantage. Rubare est un village situé à 68 km de la ville de Goma. Il est un des grands centres du territoire de Rutshuru.

Eu égard à ce phénomène caractérisé par des violations graves des droits de l'homme (tortures, meurtres, enlèvements…), LISVDHE regrette la passivité et le manque de volonté manifestés par les autorités tant du gouvernement provincial que du gouvernement national. Étant soumises à l'obligation de protéger des droits humains vis-à-vis des tiers acteurs, ne pas agir face aux violations des droits humains dont elles ont connaissance, LISVDHE croit que tel comportement n'est autre qu'une ingérence en droits de l'homme par omission. 

LISVDHE condamne ces actes ayant trait au commerce de l'être humain et qui ne sont autres que des infractions et violations tacites des droits humains. 

Cependant, LISVDHE demande au gouvernement de mettre en place une structure à caractère juridique ou une unité de police chargée de la lutte contre les kidnappings, enlèvements et disparussions forcées. Par ailleurs, LISVDHE pense que l'État congolais doit voter une loi qui, en pareil cas, imposerait aux sociétés de télécommunication de mettre en place un système d'alerte rapide et de rendre un rapport dans les 48 heures suivant la requête de réquisition à rapport.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.